On chercherait en vain Vidourle sur une carte de France ; ce fleuve côtier est si court et de si minime importance qu’il n’y a pas place pour lui. Cependant les qualités et les défauts de ce cévenol pur-sang sont tels qu’ils lui confèrent une extraordinaire personnalité, le distinguant nettement de tout autre de ses congénères, aussi grand soit-il. Quand, par exemple, le Rhône ou la Seine enfle et sort de son lit, on parle de sa crue ; mais quand il se met, lui, en colère, on assiste à la vidourlade qui ne ressemble à rien d’autre. C’est tellement vrai, que l’Académie Française a consacré ce terme qui lui est essentiellement propre.
Vidourle ! Cet inconnu ! Un modeste qui sait, quand il le veut, s’élever à la taille d’un géant !
Il coule tout entier dans le département du Gard, faisant frontière avec celui de l’Hérault sur une partie de son cours, entre son confluent avec la Bénovie, sous Sommières, et le canal de la Radelle, non loin de la mer. Il redevient alors gardois. Les savants hydrologues nous disent qu’il prend naissance sur le revers nord de la montagne de la Fage, dans la commune de St-Roman-de-Codières, à une altitude de 499 mètres, qu’il a 85 kilomètres de long, que la superficie totale de son bassin est de 629 kilomètres carrés ; enfin, qu’il se jette dans la Méditerranée tout près du Grau-du-Roi.
En réalité Vidourle, comme tout cévenol, est trop indépendant pour se prêter à la rigueur des chiffres : ses sources sont connues de lui seul et seul aussi, il sait par où ses eaux vont dans la mer.
Son territoire à la surface du sol est tellement étroit, exigu, qu’il était irrémédiablement condamné à n’être qu’un maigre ruisseau, le plus souvent à sec. Au nord la Salindrinque, qui coule horizontalement d’ouest en est, vers le Gardon lui était comme une barrière infranchissable ; et encore pousse-t-elle des antennes vers le sud, telle la Coulègne ou Coulègue, ruisseau de Colognac, qui venaient diminuer ses possibilités. A l’ouest, le fleuve Hérault limitait aussi Vidourle, rétrécissant encore son domaine par son affluent le Rieutordou Ensumène et par l’affluent de ce dernier, le Recordier qui vient glaner les eaux jusqu’à quelques centaines de mètres de lui, à l’ouest de Saint-Roman-de-Codières. De l’autre côté, vers le Levant, Vidourle voyait encore son champ d’action barré par le Gardon et ses affluents.
Il s’est faufilé en surface jusqu’aux extrêmes gouttelettes préhensiles : puis, franchement, il a foré son lit dans les roches schisteuses et granitiques pour atteindre au plus vite les calcaires oxfordiens un peu en amont de Saint-Hippolyte-du-Fort. Alors il s’est délibérément enfoncé dans le sein de la terre tout en dépêchant l’Argentesse vers l’ouest afin de pomper des ruisseaux de Garenne et du Merdanson qui se déversent dans l’Hérault
Vidourle souterrain.
Lutte âpre et sévère que celle de Vidourle pour son existence même ! Ce qu’il n’a pu faire à l’air libre, il va l’accomplir dans les profondeurs du sol.
E.A. MARTEL qui a découvert et décrit tant de merveilles des Causses et des Cévennes, a dit de lui que « surtout connu par la violence de ses crues, appelées vidourlades, IL MERITE DE L’ETRE PLUS ENCORE PAR SES SINGULARITES SOUTERRAINES et qu’il faut le considérer comme une manifestation hydrogéologique des plus importantes. »
Ayant choisi pour être son cœur même, le territoire de Sauve, Vidourle a accompli dans son sous-sol un travail cyclopéen. Avec une volonté tenace qu’aucun obstacle n’a pu fléchir ni déconcerter, lentement, patiemment, il a remué des millions de tonnes de blocs de pierre durant des millions de siècles. Ainsi il atteint son but farouchement poursuivi : se constituer des réserves considérables lui assurant la pérennité et une réelle vie de fleuve.
Les réseaux souterrains de ce troglodyte demeurent en grande partie inconnus, malgré que depuis plus de soixante-dix ans, depuis E.A. MARTEL et ses amis spéléologues, d’importantes découvertes soient venues amplifier les singularités souterraines qu’ils avaient établies, et pressenties.
Des expériences de coloration des eaux à la fluorescéine ont démontré que Vidourle revoit le jour aux Fontaines de Sauve. Son cours souterrain principal, qui n’a pas moins de huit kilomètres de long à vol d’oiseau, a pu être reconnu par fractions, grâce surtout à ces curieux et pittoresques phénomènes hydrogéologiques que sont les avens de Sauve.
Les 26 et 27 septembre 1897, Martel, accompagné de Paul Faucher, de A. Viré, H. Roux et L. Armand, a exploré les principaux de ses avens. Il a commencé par celui dénommé “la Sœur” qui est un puits d’érosion très étroit. A une profondeur d’environ 40 mètres passe la rivière ; la couche d’eau y est de 12 mètres en moyenne, dans une galerie libre d’environ 80 mètres de long mais fermée à ses deux extrémités par des rocs faisant siphon.
Il a visité ensuite l’aven appelé « Le Frère », beau gouffre d’effondrement comportant plusieurs bassins en siphons ; la profondeur de l’eau y varie de 7 à 15 mètres. Quand on arrive au bord de cet aven, le coup d’œil est vraiment impressionnant : la roche à nu est si régulièrement taillée, elle est si finement polie qu’on croirait être devant l’ouvrage de quelque sculpteur géant.
Ce fut enfin le tout, plus en aval, du très beau gouffre que dans le pays on appelle « l’Aven » tout court. Vidourle souterrain l’atteint après avoir glissé comme une couleuvre sous le lit presque toujours à sec de son affluent le Rieumassel. Aucune description ne peut rendre l’impression que l’on éprouve quand, brusquement, sans que rien n’en fasse deviner l’approche, on voit s’ouvrir au-dessous de soi cet immense gouffre. On est saisi à la fois d’étonnement, d’admiration et de frayeur. A son orifice, l’abîme a plus de 90 mètres de long et 45 de large, sa profondeur est d’environ 40 mètres. Il constitue une curiosité qu’aucun touriste parcourant la contrée ne devrait manquer de visiter.
Mais ce que l’Aven laisse voir n’est presque rien par rapport à ce qu’il cache. Dans ses parois et à des hauteurs variables, s’ouvrent des grottes et de multiples galeries fort compliquées. Le mobilier qu’on y a trouvé atteste qu’elles ont été habitées par les hommes de la préhistoire. Ces galeries rampantes qu’on a pu parcourir sur environ 250 mètres seulement, conduisent à des puits souterrains. Au fond de l’une, le puits a 42 mètres de profondeur dont plus des deux tiers remplis d’eau ; au fond d’une autre, la profondeur du puits sondé, a donné 30 mètres, dont 21 d’eau. Ailleurs on a trouvé jusqu’à 29 mètres de hauteur d’eau ; quelles réserves Vidourle ne s’est-il pas là constitué ! Pour aboutir à ces puits on traverse parfois une succession de vestes salles où des rochers de formes fantastiques pendent de la voûte ; on a froid dans le dos, il semble qu’on approche du royaume des Enfers…
Il existe très certainement d’autres avens et aussi d’autres galeries qui restent encore à trouver et à parcourir : tout un champ de recherches s’offre là aux spéléologues. Et si un jour tout ce monde d’hypogées est convenablement aménagé, il attirera sans aucun doute la foule des touristes. Martel a mis en relief le caractère remarquable de la succession de bassins qu’il a rencontrés autour de l’Aven, bassins d’érosion, de corrosion et d’hydrodynamique, réunis par des diaclases ou séparés par des siphonnements : « Il y a là, a-t-il précisé, un véritable Padirac inachevé. »
D’autres aqueducs souterrains ont été aussi construits par ce grand remueur de pierres qu’est Vidourle. En 1905 F. Mazauric a exploré deux curieuses dérivations entre Saint-Hippolyte et Sauve : celle de la Roquette, longue de 500 m, est facile ; celle de la Paulerie, couloir sinueux d’environ un kilomètre, très difficile passe par trois fois sous le lit à sec de la rivière à l’air libre. En 1929 c’est M. De Joly qui découvre une dérivation nouvelle, celle de l’aven de Bannelle
Des expériences plus récentes ont abouti à des résultats surprenants. Le samedi 10 juin 1961, le spéléo-club alpin languedocien de Montpellier a procédé à la coloration à la fluorescéine des pertes de Mirabel, sur le ruisseau d’Artigues, à un kilomètre du village de Pompignan. Le ruisseau d’Artigues qui naît sur le rebord nord du Causse de l’Hortus, est un affluent du Rieumassel, lui-même affluent de Vidourle. Après quelques kilomètres de cours aérien, l’eau disparaît et le tracé aérien du ruisseau se poursuit désormais à sec. Cette coloration de l’eau devait permettre de situer le lieu de sa résurgence. On supposait que le point de ressortie en surface devait être « la célèbre source de Sauve, dans le village même de Sauve » (Journal Midi-Libre du 18 Juin 1961) ; mais on envisageait des possibilités de sortie ailleurs « par suitedu tracé toujours capricieux des écoulements souterrains. »
Exactement quatre mois plus tard, le 10 octobre 1961, à la suite de pluies abondantes ayant remis en route la circulation d’eau, le colorant faisait réapparition au jour à la source du Lez, au nord de Montpellier, source vauclusienne qui alimente cette importante ville universitaire. La fluorescéine avait mis 122 jours pour parcourir sous terre 21 kilomètres à vol d’oiseau. Ainsi s’est trouvé résolu le problème depuis longtemps cherché de l’origine de la source du Lez. Les gens de Montpellier boivent en définitive, comme ceux de Sauve et de Quissac, l’eau soigneusement mise en réserve par Vidourle ; qui aurait pu le supposer ? Le journal Midi-Libre écrit à la date du 18 octobre 1961 : « Il se confirme ainsi une hypothèse depuis longtemps formulée, que le Lez est une dérivation souterraine du Vidourle. Il est d’ailleurs plus correct de dire que le Lez constitue probablement une dérivation profonde d’une grande zone noyée souterraine existant aux environs du village de Sauve et dont le Vidourle souterrain est le principal affluent. Cette dérivation souterraine de près de 30 kilomètres de long, collecte tous les écoulements d’eau aériens s’enfouissant sous terre entre le massif de Coutach et la source du Lez. » et le journal conclut sur les incidences pour la population montpelliéraine de la mise en évidence de l’origine vidourlaise de la source du Lez : « Cette nappe d’eau souterraine du Vidourle est une des plus profondes connues puisqu’on a sondé des profondeurs de près de 30 mètres d’eau dans les avens de Sauve. Le Lez souterrain possède donc des réserves d’eau très considérables que l’on peut espérer récupérer par pompage sans crainte d’assèchement. »
Ainsi, il est aujourd’hui avéré que le Lez est un fils de Vidourle. Qui l’aurait cru ? Et il est certain aussi, que tout le terroir rocheux de Sauve recèle en son sous-sol, de Roquevaire à Coutach, un immense dédale de cours d’eau souterrains. Que ne découvrira-t-on pas encore dans un avenir plus ou moins prochain ? Vidourle n’a pas fini de nous étonner.
Sa faune cavernicole n’est pas une de ses moindres singularités ; dans les avens de Sauve, on a trouvé une sorte de crevette unique qu’on a appelée « fauchérus » du nom de Paul Faucher, ami et condisciple de E.A. Martel, qui la trouva le premier Cette obscuricole, totalement aveugle par atrophie de ses organes visuels, a, par compensation, des organes du tact, de l’odorat et de l’ouïe hypertrophiés. Tout à fait décolorée, translucide, elle est sans aucun doute l’une des rares espèces vivantes des âges des fossiles. Nous savons qu’un savant tchécoslovaque est venu à Sauve en 1938 pour essayer de recueillir quelques spécimens de cette « fauchérus. »
Vidourle à l’air libre.
De sa source jusqu’en amont de Saint-Hippolyte-du-Fort, en passant par le village de Cros, Vidourle a l’allure d’un torrent alpestre, dévalant sur des roches imperméables en une très forte pente.
A Saint-Hippolyte même, il n’a plus guère d’eau en temps normal. Gentille petite ville que Saint-Hippolyte ! A l’origine elle était Roqueforcade, bâtie plus au sud et dont il ne reste que le Castillas. La ville actuelle s’est formée à partir du XVème siècle seulement, et elle a dû son développement à la construction par Vauban au XVIIème siècle, d’une citadelle pour soumettre ce pays protestant. Importante place de guerre jusqu’à la Révolution, son fort démoli ensuite, elle a su garder pendant de longues années une école militaire dite des Enfants de Troupe
De Saint-Hippolyte à Sauve, Vidourle aérien n’est qu’un lit caillouteux, sans eau, où poussent par touffes des herbes aux senteurs fortes. Sa direction générale le mène vers l’est sud-est, comme s’il devait aller se jeter dans le Gardon ; mais juste en amont de Sauve, il s’incurve vers le sud. Il est ici dans une sorte de cuvette qui lui permet de glaner à la fois les eaux venant du nord et celles venant du sud.
Au bec même de la cuvette, il reçoit son affluent le Rieumassel ou Rivière de Pompignan. Ce torrent, presque toujours à sec, vient le rejoindre sur sa droite, en une direction générale sud-nord, après un cours de 20 kilomètres, tout en décrivant de nombreux méandres.
Un peu plus loin, c’est le Crespénon qui atteint Vidourle sur sa rive gauche, en une direction générale nord-sud, opposée à celle du Rieumassel ; son cours n’est que de 12 kilomètres mais il est le plus pittoresque sujet de tout le bassin de Vidourle, avec ses gorges et ses marmites de géants.
Alors que jusqu’ici l’on n’a rencontré que « de la roche et toujours de la roche, de la pierre et toujours de la pierre » selon Onésime Reclus, « et qu’on pourrait se croire chez Juda et chez Benjamin, dans un ouadi descendant vers la Mer Morte », juste au-dessus du confluent de Vidourle et du Crespénon jaillissent les premières sources. Dans le pays on les appelle « Les Oules » (les Marmites) et ce nom même dit bien ce qu’il veut dire. Eté comme hiver, même par plus grandes sécheresses, l’eau bouillonne constamment. Il est étonnant qu’aucun chercheur ne se soit intéressé à ces Oules. Peut-être s’agit-il d’une résurgence, d’une des dérivations souterraines de Vidourle ; peut-être est-ce le Crespénon qui, à sa sortie des canyons rocheux, vers la Espèches, s’enfonce aussi sous terre et réapparaît là. Toujours est-il que dès ce moment, l’eau fraîche est permanente : et ce sont aussitôt des prés, des jardins potagers et des rangées d’arbres verts. A partir de là, Vidourle fleuve EST, assurant la vie d’une faune variée, anguilles savoureuses, grenouilles et poissons en quantités.
Mais c’est surtout 500 mètres plus bas qu’il prend toute sa force et son ampleur en recevant les réserves de son cours souterrain aux Fontaines de Sauve. Si Elisée Reclus a pu écrire : « C’est l’Afrique et c’est la Judée, et le Vidourle un Cédron, un Arnon, un torrent de Jacob où le troupeau tond l’herbe sèche entre les cailloux qui brûlent », cela n’est vrai que jusqu’ici.
La Fontaine de Sauve est une véritable curiosité. Elle jaillit au pied même de la cité sous une voûte de roche tapissée de lierre. Bouillonnante et écumeuse aux grandes eaux, elle demeure intarissable. Elle est Vie et source de Vie.
Adrien Jeanjean a dit que « l’antique cité de Sauve, bâtie au pied de la montagne de Coutach, possède une magnifique source qui forme la majeure partie des eaux du Vidourle ; que par la limpidité comme par l’abondance de ses eaux, cette fontaine naturelle avait attirée l’attention de nos ancêtres qui s’étaient établis dans son voisinage dès l’époque néolithique et y ont laissé des marques irrécusables de leur séjour. »
Ivan Gaussen qui a écrit un remarquable ouvrage sur Vidourle et les vidourlades décrit comme suit la Fontaine de Sauve : « Au flanc des roches calcaires sur lesquelles les maisons s’étagent, en décor, l’eau bouillonne. Elle apparaît, limpide et miroitante, sous une voûte de verdure aux parois épaisses et brunes. C’est là que se cache dans les failles profondes du rocher la nymphe du fleuve, c’est là qu’est le temple de Vidourlus. Les dignitaires de la puissante maison des Bermond de Sauve gardèrent cette source comme un trophée ; ils couvrirent de leur haute protection ces eaux qui coulaient vers le sud. »
Maurice Chauvet, le chantre de la terre d’Oc, nous conte à son tour « qu’à Sauve sous les rochers se cachent la nymphe du fleuve et le temple aquatique de Vitousurlus, le dieu barbu. »
Dès l’apparition de l’homme dans les Cévennes, aux temps du néolithique et peut-être même du paléolithique, la vie s’est installée à Sauve ; les hommes de science l’affirment et ils en ont recueilli des preuves formelles. Une forteresse de rochers où le gibier pullule, qui a auprès d’elle une source jamais tarie et une rivière très poissonneuse, quoi de plus favorable à la vie des âges primitifs !
Comme on comprend alors que, dans leurs croyances, ces hommes aient déifié cette source qui leur dispensait la vie, que durant des siècles et des siècles ils soient venus devant le rocher d’où elle sourd pour l’adorer ! Ils rendaient grâces et demandaient la protection du dieu barbu Vitousurlus et de la nymphe du fleuve, sa fille.
Bien plus tard, pendant la période gallo-romaine, le culte continue et des thermes sont aménagés auprès de la source. Au moyen âge les Bermond, satrapes de Sauve, la protègent et la placent sous la protection de l’abbaye. La source et ses dépendances, avec les deux moulins banaux qu’elle actionnait, l’un à huile et l’autre à blé, furent propriété de l’abbaye jusqu’à sa disparition lors de la Révolution. Dans leur état actuel, la fontaine et ses installations remontent à l’année 1763.
Entre Sauve et Quissac, Vidourle prend son allure de fleuve ; sa flore et sa faune s’affirment, ses rives sont riantes et ombragées. Plusieurs barrages successifs avaient été établis pour faire tourner des moulins ; presque tous ne sont que ruines aujourd’hui.
Il traverse Quissac sous un pont à dos d’âne, accompagné sur sa gauche par une rangée de platanes majestueux qui ombragent la fraîche promenade du Tivoli. Quissac est une petite ville agréable, très active et où la population ne cesse de croître, ce qui est remarquable en Cévennes.
Après son passage à Quissac, Vidourle reçoit à droite le Brestalou qui, avec ses sous-affluents, lui apporte les eaux du revers sud de Coutach. Un peu plus loin, c’est le Crieulon qui, descendant de Saint-Félix-de-Pallières, le rejoint sur sa rive gauche. Il est le plus vaste de ses affluents, drainant un bassin de 94 kilomètres carrés. Puis la Courme se jette dans Vidourle, encore à gauche, en amont de Vic-le-Fesq, venant de Saint-Bénézet, tout près du Gardon
Après avoir décrit une extraordinaire boucle, Vidourle atteint Vic-le-Fesq, puis passe entre Fontanès et Lecques et arrive à Sommières. Sommières est une antique cité médiévale qui s’est établie près du magnifique pont de dix-sept arches construit sous Tibère et dont le pont actuel visible ne représente qu’une petite partie. Marché important, Sommières a été un centre industriel et commercial très actif. Au cours des guerres de religion, elle fut assiégée en 1573 et 1575 par Damville, prise en août 1622 en présence du roi Louis XIII, après un siège de quatre jours.
Après Sommières, à hauteur de Boisseron qu’il arrose, Vidourle reçoit à droite la Bénovie, le dernier de ses affluents. Plus en aval, il coupe comme d’un coup d’épée la colline qui le gênait sur sa gauche, il la franchit à la légendaire Roche d’Aubais. On dit que c’est Gallus, un lieutenant de César, qui a ouvert la voie au fleuve, en expiation de son amour pour la belle druidesse Vibia.
Puis il salue au passage les ruines d’Ambrussum ou Ambrosium, oppidum gallo-romain, et la pinède des félibres. La voie Domitienne le traversait ici sur un pont à cinq arches, réduites à une seule depuis la grande vidourlade de 1933. Il passe alors sous la voie ferrée de Nîmes à Montpellier et sur le siphon du canal du Bas Rhône Languedoc, siphon le plus important d’Europe.
Il pénètre dès lors dans le bas pays, prend l’allure d’un calme fleuve nordique. Il est désormais corseté entre de très épaisses digues de plus de cinq mètres de hauteur au-dessus des basses eaux. Elles existaient déjà en 1220 mais, bien entendu, il les enjambe ou les crève quand il lui plaît.
Il atteint alors le Pont de Lunel où s’élevait aux temps du sou l’auberge fameuse de l’Ecu de France, la plus estimée hostellerie d’Europe, selon J.J. Rousseau. De nos jours encore, il y a là un grand restaurant, Mon Auberge, avec une belle terrasse dominant le fleuve.
La ville de Lunel est à trois kilomètres d’ici, mais n’en est pas moins essentiellement ils décidèrent qu’en ce lieu s’élèverait la nouvelle Jéricho et l’appelèrent Luna. Dans les armoiries de Lunel brille toujours le croissant d’Astarté et d’Isis.
Vidourle continue sa marche en s’endormant « au milieu des canaux, des marais et des vignes, dans un paysage d’eauximmobiles et de terres mouvantes. » Il passe à Saint-Laurent-d’Aigouze, petite ville fondation de l’abbaye de Psalmody.
Nul se sait exactement par où Vidourle se déverse dans la mer, tant son indépendance est grande et brusques sont ses sautes d’humeur. Autrefois il se perdait sans entrave dans le vaste étang de Mauguio. Puis, s’étant ouvert une large brèche, il se déchargeait dans le canal de la Radelle qu’il encombrait peu à peu de ses apports. Par des travaux effectués de 1823 à 1833, on essaya de lui ouvrir un nouveau cours en face du point où il entrait dans la Radelle : peine perdue ! Il emporta tout. Et tout seul, maître Vidourle se fraya un passage à travers l’étang de Repausset. C’est en vain que les propriétaires de cet étang cherchèrent à boucher ce passage. Peu à peu il a comblé le Repausset ; il y a même élevé une île. Pour donner une issue nouvelle à ses eaux, on a dû faire communiquer cet étang avec la Grande Roubine en pratiquant une large brèche un peu au-dessus des maisons du Grau-du-Roi. Actuellement, Vidourle emprunte ce canal que l’homme lui a offert et il s’écoule dans la mer en majeure partie par la Passe du Grau. Mais comme pour narguer l’homme, tandis qu’à la Radelle il a près de 100 mètres de large, un peu en aval il se fait ruisselet qui se perd dans les paluds et n’atteint même pas la mer. Domptera-t-on jamais l’indépendance de Vidourle ?
La vidourlade.
Rien n’est comparable à une vidourlade. Elle est comme le symbole de la pétulance méridionale. Subite, brutale, d’une violence inouïe, elle emporte tout sur son passage. Souvent, hélas, elle est meurtrière malgré les tocsins et le téléphone qui alertent les villes riveraines. Sa soudaineté et son ampleur n’ont d’égale que sa courte durée.
« Ce fleuve qui court sur la grève où s’égarait un ruisseau, dit Elisée Reclus, passe avec la puissance trente et quarante fois la Seine d’été à Paris … Ses trombes ne durent que quelques heures ; il retourne bientôt à son repos qui parfois est presque mort. »
On a comparé ce phénomène à celui de la barre ou mascaret que produit la mer à l’embouchure de la Seine. Effectivement, c’est comme une barre d’eau qui surgit ; et quand on sait qu’en une quarantaine de minutes le niveau s’élève jusqu’à sept et huit mètres au-dessus de l’étiage, on comprend les désastres qui en résultent.
Comment expliquer pareilles trombes ? Le vent du midi pousse depuis la Méditerranée des nuages noirs et bas. Ces nuages franchissent la plaine côtière surchauffée et viennent butter contre les contreforts montagneux des Cévennes. Le refroidissement est subit, la condensation immédiate et les nuages fondent littéralement, se vidant comme à pleins seaux. Ces grands abats d’eau sont uniques en France et on les a justement comparés aux pluies torrentielles des tropiques. Leur chute est si violente et si drue que même les terrains calcaires deviennent imperméables ; il se forme des milliers et des milliers de ruisseaux qui dévalent à toute allure et bruyamment vers les rivières, roulant des masses de pierre et de terre. Les rivières montent comme des soupes au lait, gonflent comme des ballons de baudruche.
Lors de la terrible vidourlade de la nuit du 26 au 27 septembre 1933 particulièrement tragique pour Sauve, on a établi que Vidourle débitait deux mille mètres cubes à la seconde, roulant ainsi dix mille fois plus d’eau qu’en étiage. On est effrayé en se représentant cette masse liquide qui passe en torrent à raison de cent vingt mille tonnes à la minute.
Sauve est en général le point de départ de la vidourlade. On le comprend en sachant que là se joignent Vidourle à l’air libre et celui souterrain, avec le Rieumassel et le Crespénon ; fort heureusement tous « n’arrivent » pas le plus souvent en même temps.
Depuis l’obscurité des temps, les vidourlades se reproduisent à intervalles plus ou moins réguliers. Les plus anciennes connues furent celles, de 1403, du 15 septembre 1575, du 3 juillet 1684, du 27 novembre 1704 et du 12 octobre 1719. Mais la plus violente fut celle, mémorable, du vendredi 1er octobre 1723. A Sauve, les dégâts matériels furent immenses : maisons écroulées, ponts en partie emportés, jardins et vignes réduits en tas de gravier. Il y eut aussi, hélas, quatre personnes noyées. Dans le pays bas, Vidourle avait quatre kilomètres de large et à Lunel, qui baignait dans deux mètres d’eau, les pêcheurs vendaient le poisson sur leurs barques.
Vidourlades encore le 13 septembre 1808, le 19 septembre 1811, le 6 octobre 1812 et le 22 septembre 1821.
Plus près de nous encore, grandes vidourlades le 17 septembre 1858 et le 17 octobre 1907. Gros dégâts à Sauve, Quissac et Sommières. La vidourlade de la nuit du 26 au 27 septembre 1933 fut la plus terrible. Une véritable barre d’eau surgit subitement, emportant tout sur son passage, soulevant comme fétus de paille des arbres entiers avec toutes leurs branches et leurs racines ; elle fit quatre victimes à Quissac et deux à Sommières.
La vidourlade du 4 octobre 1958 fut extrêmement violente : « La Furie commença à Sauve, écrit le journal Midi-Libre, où un flot déchaîné coupa la route, envahit les bas quartiers, ruinant les vergers, montant à l’assaut des maisons… Lorsque s’amorça la décrue, les habitants consternés découvrirent leur ville saccagée comme par un typhon ; le mur du cimetière avait été enfoncé, les couronnes mortuaires et les croix dispersées ; à la source le flot jaunâtre jaillissait en tourbillonnant, se gonflant en un énorme geyser dont la force fit s’écrouler le parapet du pont ; c’était la première fois qu’il était jeté à bas. » A Quissac, ce fut le même désastre, les eaux montant jusqu’à la place Mourier, noyant la commerçante rue du Pont. A Sommières, cette vidourlade dépassa de onze centimètres celle de 1933, envahissant les trois quarts des maisons jusqu’au-dessus du premier étage. Les dégâts furent considérables ; grâce à l’hélicoptère de la gendarmerie, cinq personnes purent être sauvées du mas de la Floride, entre Sommières et Boisseron. Dans la basse vallée Aimargues. Le Cailar et Saint-Laurent-d’Aigouze subirent la montée des eaux. Des gens durent se réfugier sur le toit de leur maison, il fallut à la hâte déplacer les taureaux des manades. Celle du mercredi 9 mars 1960 n’intéresse que le bas-pays où elle emporta le mas Bauchamp à l’ouest d’Aigues-Mortes. Vidourle atteignit alors une largeur de dix kilomètres isolant complètement l’important domaine de la Grande Motte, à huit kilomètres de Carnon, sur la route littorale.
Malheureuse route littorale qui relie Carnon au Grau-du-Roi ! Combien de fois seigneur Vidourle ne l’a-t-il pas coupée au lieu dit Les Abîmes ! Dès décembre 1953, Le « Gard à Paris » écrivait : « A peine inauguré, voilà déjà la nouvelle route rendue impraticable pour un bout de temps. » Et ce lieu des Abîmes revient régulièrement comme un leitmotiv dans la presse régionale : le samedi 10 décembre 1955 « La route du front de mer est (à nouveau) coupée. Autour d’une brèche de quelques mètres la valse des millions » ; le lendemain 11 décembre : « Les Abîmesne doivent plus être un gouffre… Budgétaire… » Et ainsi de suite en 1955, 1956, 1957.
Enfin fut décide la construction d’un véritable pont, aux frais communs des départements du Gard et de l’Hérault, en ce lieu fameux des Abîmes. Lles essais techniques de ce pont, très satisfaisants, furent enfin réalisés le mercredi 6 décembre 1962 en présence des responsables du Gard. Depuis lors les Abîmes ne font plus parler d’eux mais…. Car nous sommes de l’avis du « Gard à Paris » – Ivan Gaussen, sommiérois, connaît si bien son Vidourle – qui écrivait en février 1956 : « Le Gard à Paris est moins certain que les chroniqueurs régionaux que la construction d’un véritable pont constituera une économie, car à la prochaine vidourlade c’est le pont lui-même qui sera emporté. »
Et nous avons récemment vécu la terrible vidourlade des 8 et 9 septembre 2002.
Dompter Vidourle.
Pour essayer de juguler ces désastreuses vidourlades, d’en atténuer la soudaineté, la violence et l’ampleur, un plan complet d’aménagement du cours de Vidourle a été enfin décidé. Une session d’études s’est tenue à Mauguio le lundi 12 décembre 1955, à laquelle assistaient, entre autres, les conseillers généraux des cantons de Sauve, Quissac, Sommières, Lunel et Aigues-Mortes, en présence de M. Philippe Lamour, président de la Compagnie d’aménagement du Bas Rhône Languedoc. Car c’est cette Compagnie qui « a entrepris, en accord et en collaboration avec les administrations compétentes, de reprendre et coordonner l’ensemble des projets relatifs au Vidourle en vue d’élaborer un plan général d’aménagement de l’ensemble du fleuve depuis son origine jusqu’à la mer. »
La construction de barrages d’écrêtement des crues fut décidée, d’énormes crédits votés à cet effet. Les assemblée départementales réunies en session ordinaire en décembre 1958, inscrivirent déjà 350 millions au budget de 1959, sur un programme global de 2 200 millions prévus pour aménager le cours du seul petit Vidourle
La construction de barrages a été réalisée : le premier, sur le Rieumassel, à hauteur du hameau de Ceyrac, entre Pompignan et Sauve (mars 1968) ; un second sur le Crieulon, à hauteur du château de la Rouvière (janvier 1971). Un seul est situé sur Vidourle même, à Conqueyrac. Projeté en 1976, les travaux n’ont démarré que cinq ans plus tard. Mais, est-ce assez suffisant ?
Un peu d’histoire.
D’où vient le nom de Vidourle ? Au temps des Gaulois il s’appelait Vitoursurlus, puis Viturlus sous les Romains. Au XVIIème siècle, le savant médecin Jean Astruc, dans son « Histoire naturelle du Languedoc » a écrit : « La principalesource de cette rivière est la Fontaine de Sauve, qui sort à gros bouillons d’un antre au pied de la montagne sur le penchant de laquelle cette ville est bâtie. Il y a apparence qu’on doit déduire de là le nom de cette rivière. Peut-être l’appelait-on en celtique FYNN TWLL (prononcer Vintoul) c’est-à-dire « source de l’antre » ou « de la caverne » ; et c’est de là que les Romains auront fait successivement Vinturlus et Viturlus. » Dans le Cartulaire de l’abbaye de Psalmody, il est question de Vitusulus en l’an 994 et de Viturnellus en 1054 (prononcer les u en ou) ; en 1163, on l’appelle en langue romane « la ribaria de Vidorle. »
On remarquera tout de suite que la racine du nom, diversement orthographiée, demeure immuable avec deux syllabes : Vitour, Vintour, Vintoul, Vidor. Cette racine même poserait et résoudrait, le problème de VINDOMAGUS, la ville mystérieuse des Volces Arécomiques. Selon Ptolémée, célèbre astronome grec d’Egypte qui vivait au IIème siècle de notre ère et dont la Géographie a fait autorité pendant plus de mille ans, Vindomagus fut la plus ancienne des cités arécomiques, plus ancienne que Nîmes même dont elle dépendait.
Sauve serait l’ancienne Vindomagus. Son nom d’origine « Slave » est latin ; on ignore le nom antérieur. Or Sauve a été habitée de tout temps et il existe une relation évidente entre la racine « Vindo » et le nom même de Vidourle. Comme l’a si raisonnablement conjecturé Astruc, Sauva devrait être « la ville dela source de l’antre », mère du Vitoursurlus. Ptolémée fut le premier géographe qui ait fixé la position des lieux par leurs coordonnées, latitude et longitude ; très approximativement, cette position conviendrait avec celle de Sauve.
Vidourle est de plus en plus une frontière. Déjà dans sa Zoologie du Bas-Languedoc, le savant professeur M. Duboscq nous apprend que « beaucoup d’espèces animales sont arrêtées encore plus par le Vidourle que par le Rhône ». Ainsi toute une foule de bestioles, de mollusques terrestres, venus de fort loin en Provence et même d’Italie, ont allègrement traversé le Rhône ; mais Vidourle, lui, les a stoppés tout net au poste frontière du Pont de Lunel.
Ah ce Pont de Lunel ! Bête noire des gens de Montpellier. C’est que, ceux de Nîmes ne veulent plus être des Languedociens mais des Provençaux. L’évolution de l’histoire est là, indéniable, il faut s’incliner devant le fait. Maurice Chauvet en souffre, qui écrit : « Tout semble s’être conjuré pour faire du Vidourle une sorte de Bidassoa… Le Gard s’est donné à la Provence comme leComtat et le Pays d’Arles ; le royaume de Marseille commence de nos jours au Pont de Lunel. »
Cette frontière nouvelle que constitue le petit Vidourle s’ajoute à la frontière spirituelle qu’il constitue depuis plusieurs siècles. Les porteurs de bibles, les prédicants, ne l’ont pas franchi dès le XVIème siècle. Si tous les gens de sa rive gauche sont devenus des protestants, ceux de sa rive droite sont demeurés catholiques ; le fait est tout à fait curieux, mais c’est aussi UN FAIT. Il est aussi absolument typique entre les gens de Fontanès et ceux de Lecques, séparés par quelques centaines de mètres et…le modeste fleuve.
Vidourle, enfin, a ses poète. Florian a chanté sa haute vallée, sous Saint-Hippolyte-du-Fort. A deux kilomètres, en amont du Pont de Lunel, en face de Villetelle et près du Pont romain, se réunissaient chaque année, au printemps, les fidèles vidourlais et leurs amis, en une fervente félibrée, réminiscence des anciennes Cours d’Amour. « Dans le temple ouvert de la pinèdefrissonnante », selon le poète-boulanger lunellois Abric, on récitait des vers…
Les gens de Lunel sont légitimement fiers de leur « escolo doù Vidourle ». Et ils sont, on le sait, des pécheurs de lune. « Messieurs, a dit Edmond Rostand, devant la docte Académie Française, je vous avoue que lorsque j’ai appris que cette petite ville était une importante pécherie de lune, cela m’a donné à rêver. Je crois voir sur les berges silencieuses du Vidourle arriver à pas furtifs tout un peuple de pêcheurs nocturnes, porteurs d’étranges éperviers. La lune luit dans l’eau, les filets tombent, elle disparaît… Oh la jolie pêche !… Messieurs vous avez compris, que les gens de Lunel sont des poètes ; ils pêchent la lune. C’est la plus belle pêche qui soit au monde, car c’est la seule qui ne puisse jamais se faire en eau trouble. »
Conclusion.
Comme nous aimerions voir se créer la petite Nation vidourlaise, unie par son fleuve pour les bons comme pour les mauvais jours ! Pourquoi pas ? Ils l’ont bien fait, ceux du Rhône, depuis la Suisse jusqu’en Camargue. Et nous venons de voir que Vidourle n’a rien à envier à son grand frère. Allons, mes amis, unissez-vous sous le sceptre du dieu barbu Vitourlous ! Unissez-vous depuis Cros jusqu’au Grau-du-Roi ! Organisez chaque année des fêtes folkloriques où l’on dansera, où les poètes et félibres diront leurs vers ! Qui prendra l’initiative du mouvement ?
Que de choses, tout de même, qui nous font réfléchir ou rêver, dans les eaux souterraines ou ensoleillées, limpides ou boueuses, de notre humble et terrible cévenol qu’est Vidourle… !
BIBLIOGRAPHIE
GAUSSEN Ivan – Le Vidourle et ses Vidourlades – 1937.
GAUSSEN Ivan – Sommières. Promenade à travers son passé – 1968.
MOREAU Marthe – Le Vidourle, ses villes, ses moulins et ses ponts – 1992.
SOURCES
DURAND Germer – Dictionnaire topographique du département du Gard, 1868.
GERMAIN Jean – Extraits de l’Almanach Cévenol, 1966.
L’Aigoual, 2175 mm par an ; pluviométrie record.